dimanche 16 juin 2013

Mythes et réalités de la solidarité musulmane




Une « Oumma islamiyya » du Maroc à l’Indonésie, unie et sans divisions. Ah quel beau vœu pieux, quel souhait magnifique.
En effet, quiconque observe la géographie mondiale attentivement, pourrait se dire que la Oumma islamiyya en général et la nation arabe en particulier occupent une place de choix. Bordée par l’Océan indien, la mer rouge, la mer méditerranée, l’Océan Atlantique, beaucoup de régions fertiles contrairement à l’image d’Épinal qui consiste à réduire toute terre arabe à un désert inhospitalier et hostile, jalonné ici et là par quelques caravanes, symbole d’une époque figée, sans oublier les ressources pétrolières. Pourtant avec le recul et l’observation, on constate que de tous les grands ensembles culturels, politiques, et religieux, le seul qui n’arrive pas à tirer son épingle du jeu, en dépit de son fort potentiel, est la nation arabe. On peut le constater sur deux échelles distinctes : à l’échelle de la France, avec la question des français d’origine maghrébine, et à l’échelle de la géopolitique mondiale.
I En France
Beaucoup fantasment sur cette solidarité disais-je donc, la réalité est tout autre. Par exemple en France, si la solidarité maghrébine en particulier, ou musulmane en général ; car les musulmans en France sont d’abord assimilés aux maghrébins ; consiste à se mettre à plusieurs pour taper un « gaouri » dans la cour du lycée, ou dans la rue, il n’y a vraiment pas de quoi s’extasier. C’est tout juste bon à faire naître du ressentiment chez des français qui à priori durant l’enfance ou à l’adolescence n’ont pas de préjugés particulièrement prononcés envers les arabes.
Un des principaux problèmes, est l’absence de porte-voix authentiques, ou alors même chez ceux qui ont pu émergé quel que soit le domaine où ils se sont illustrés, c’est qu’ils ne sont bons qu’à conforter les clichés, les cases dans lesquelles on les as cantonné. Ainsi bon nombre de célébrités dites musulmanes ; ou ne se revendiquant pas comme telle non plus ; que ce soit dans le sport, la chanson ou le cinéma s’illustrent par une veulerie incroyable. Ils ou elles ne savent faire que le noir de service, le beur ou la beurette de service, ne font rire que sur leurs parents maîtrisant mal le français ; comme si ces derniers le maîtrisaient ; chantent toujours les louanges d’un pays d’origine souvent méconnu ou fantasmé. Le septième art n’est pas en reste. En effet, on ne compte plus le nombre de films de « Pierre et Djamila » à « Le noir te va si bien » en passant par « Rai » ou «Incha’allah dimanche », qui montrent des familles vivant exclusivement en banlieue, avec des fils paumés, se tournant après moult joints fumés, vers la religion de manière fanatique, venant à la rescousse de leurs pères pour cantonner leurs sœurs aux tâches ménagères.
Un autre problème, et le manque chronique d’autonomie des français musulmans sur le plan économique. Le chômage touche beaucoup les jeunes, en France, et plus ceux d’origine immigrée, il ne faut pas le nier, mais les français musulmans sont toujours dans la position de quémander du travail, et essaient rarement d’entreprendre. Ou alors, cet esprit entrepreneurial se limite à l’ouverture de restaurants kebabs, ou de fast-food halals.
Il y aussi et aussi surprenant que cela puisse paraître, il y a un manque de solidarité au niveau médiatique. Beaucoup « collabeurs », de déracinés ont poussé le processus de dépersonnalisation au point de renier tout de leurs origines, voire en efface le souvenir. On l’a vu lors du débat sur le voile à l’école en 2003, beaucoup de « beurettes » affiliées au parti socialiste, font le sale boulot. On a vu ainsi l’émergence de l’organisation « ni putes ni soumises »; un tel nom ne pouvant pas représenter ni des musulmanes ni des femmes en général qui se respectent; ne représentant rien d’autre qu’elles-mêmes et crée de toute pièces par le parti socialiste, tout comme son ancêtre SOS Racisme.
Il faut poser aussi le problème de choix du pays où ces derniers veulent vivre, lié à la double-nationalité, l’instrumentalisation de ces musulmans, et des mosquées par les pays d’origine (Maroc, Algérie, Tunisie, Turquie,…) empêchant ainsi l’indépendance de l’organisation du culte musulman en France.
Il est vrai aussi que les élites françaises entretiennent cette dépendance envers les pays d’origine, a permis l’intrusion de la doctrine wahhabite, puis permet les investissements massifs du Qatar en banlieue. L’État français quant à lui gère le culte musulman de manière néocoloniale, avec des bachaghas comme Dalil Boubakeur, Hassan Chalghoumi, c’est dire le mépris que nos élites politiques en France ont envers les français musulmans.
Pour conclure sur ce point, le problème des français musulmans est qu’ils ont voulu avoir accès à la représentation avant le pouvoir économique. L’argent c’est le nerf de la guerre. On n’obtient rien en quémandant, mais c’est au prix de beaucoup d’efforts, de solidarité réelle, et de détermination que cela pourra aboutir. Le communautarisme à l’anglo-saxonne, incarné en France par le dîner annuel du crif, est incontournable en France, il est de plus en plus palpable et gagne la société française avec tous ses défauts. Les français musulmans sont loin de tirer leur épingle du jeu pour l’instant, mais dans le navire France, ils sont à fond de cale, et ce navire est en passe de heurter un récif…

II Dans la géopolitique mondiale
Les ennemis de la nation arabe en particulier, et du monde musulman en général connaissent parfaitement les faiblesses, de cette partie du monde et ils n’ont plus qu’à s’en servir, et beaucoup de musulmans tombent dedans, on dirait même qu’ils s’y jettent à corps perdu. Ainsi l’on peut constater les affligeantes scènes de bagarres lors de rencontres sportives (Maroc-Algérie, Algérie-Egypte, Algérie-Lybie…).
On l’a vu plus sérieusement, avec la participation de pays arabes aux guerres du golfe, en 1991 et en 2003. Participation renouvelée lors de la guerre en Lybie, et actuellement en Syrie. Il est frappant de constater que sur le plan de géopolitique mondial, les autres pays non-arabes de la région se font plus respecter (Turquie, Iran), ont un poids plus important que n’importe lequel des roitelets arabes de cette partie du monde. Ainsi, il est judicieux de rappeler que la Ligue arabe, crée par les anglais en 1945, pour entériner division de la nation arabe, même si elle avait une certaine utilité et un certain poids du temps de la guerre froide, à savoir qu’elle réussissait à porter la question algérienne à l’ONU pendant la guerre d’Algérie, ou avec le sommet de Khartoum en 1967, en renforçant le front du refus quant à la question palestinienne. C’est devenu désormais une chambre d’enregistrement de l’Arabie Saoudite, du Qatar, et donc in extenso des États-Unis. C’est évident avec la guerre en Syrie.
A l’heure où arabes ont déserté leurs valeurs, heureusement que les « djihadistes » sont là pour le rappeler. Par exemple, il est cocasse de voir des « djihadistes » qui mutilent, profanent des corps de soldats syriens mais offrent du thé aux journalistes occidentaux, preuve du gage de l’hospitalité arabe.
On constate aussi l’écart technologique, avec l’Occident, l’absence d’industrie performante dans les pays arabes, de programmes en matière de haute-technologie. Ainsi, les élites économiques arabes, souvent politiques ou militaires en même temps, ont réduit l’économie à une économie de rente, en bénéficiant de rétro-commissions, préalables à des investissements étrangers. Il n’y a donc pas d’entrepreneuriat sérieux, pas d’épopée scientifique, industrielle, juste de l’économie de rente. Il ne s’agit pas tout réduire à une question matérielle, ces élites ont abandonné leurs idéaux, ont renoncé à une partie de leur âme, à concilier un capitalisme forcené, tout en le saupoudrant ici ou là de religiosité de surface, un vernis bigot, mais cachant mal ce malaise et ces contradictions. Il suffit d’observer des pays comme l’Arabie Saoudite, les Émirats, et surtout le Qatar qui illustre parfaitement cette tare.

Mais il ne faudrait pas croire que tout est fini, et il ne s’agit pas de perdre espoir. Oui, il y a dans les tréfonds de l’âme arabe, musulmane, des ressources, pour l’instant écrasés, mais qui ne demandent qu’à surgir. Il est vrai que pour l’instant cela paraît difficile à croire, mais le renoncement, l’abattement ne sont que des bêtises, et plusieurs fois au cours de notre glorieuse histoire, nous avons connu des moments difficiles, prélude à des redressements spectaculaires.


Anis Al Fayda

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire