L’Egypte vient de vivre un événement
incroyable. En effet, on a assisté à un véritable coup d’état
militaro-démocratique.
Mohammed Morsi, président élu a été
évincé par l’armée égyptienne, ce qui semble réjouir les médias occidentaux, car
le président déchu est un méchant membre des Frères musulmans pour ces derniers.
Il ne s’agit pas ici d’être un farouche défenseur des Frères musulmans, car les
griefs à l’encontre du président déchu existent. Rappelons que Mohammed Morsi
n’a pas mis fin au blocus de Gaza, ni même essayé de l’atténuer quelque peu, il
a rompu les relations diplomatiques avec la Syrie de Bachar-al-Assad, il a
rencontré à plusieurs reprises des dirigeants américains, et les as assuré de
sa collaboration. Bref ce dernier a multiplié les signes de bonne volonté
envers l’Occident. On lui reproche d’avoir adopté une constitution taillée sur
mesure, mais elle fut adoptée par référendum. Il est arrivé au pouvoir par la
voie légale, ce que personne ne conteste. Il aurait déçu les espoirs de ceux
qui ont voté pour lui. Les pyramides ne se sont pas construites en un an à ce
que je sache ! Et les gouvernements français UMPS qui se succèdent depuis
quarante ans maintenant sont-ils priés de déguerpir une fois leur état de grâce
évaporé ?
Les partisans du président déchu sont quant à eux sommés de se traire. On ne les interroge pas, on leur demande pas leur avis, on ne doit pas savoir ce qu'ils pensent de tout cela. Les télévisions affiliés aux Frères musulmans, sont fermées, leurs animateurs arrêtés. La voilà donc la liberté d'expression et d'opinion chère à l'Occident. Oui il s'agit bel et bien de la mise en application du principe des droits de l'homme non barbu. Personne aussi ne doit s'interroger sur la spontanéité de ces événements.
Le scénario que vit l’Egypte ressemble à
s’y méprendre à celui qu’à connu l’Algérie en janvier 1992 après l’annulation
de la victoire du Front Islamique du Salut aux élections et le putsch des
généraux. Les militaires égyptiens peuvent ainsi s’appuyer sur la jurisprudence
Khaled Nezzar, du nom du général algérien qui dirigea le putsch en janvier
1992. C’est bizarre de voir ces démocrates dans les médias en Egypte et en
Occident, pacifiques en appeler à l’armée pour renverser un pouvoir civil
légal. Ainsi, hier sur I-Télé, nous
avons l’écrivain Adel Rifaat ; né Eddy Levy frère du philosophe Benny Levy ça ne s’invente pas et converti à l’Islam il paraît ; trouve pour sa part que
c’est génial que c’est la preuve de l’esprit démocratique, que les égyptiens
réinventent la démocratie à leur manière, qu’ils font rugir le sphinx
démocratique qui est en eux, ou que sais-je encore. Peut-on penser qu’en France
l’armée ait pu songer à renverser le président Nicolas Sarkozy après que ce
dernier ait adopté le traité de Lisbonne en 2007, copie conforme de la
constitution européenne que les français avaient rejeté par voie référendaire
en 2005 ? Ou bien même la grande muette penserait-elle à renverser le
président François Hollande après la dure répression de la manif pour
tous ? Impensable ! Le manifestant Nicolas, membre du collectif
« La Manif pour tous » emprisonné, c’est moins crédible pour diaboliser
François Hollande que la pauvre Sakineh pour diaboliser Mahmoud Ahmadinejad.
Sur la chaîne I-télé toujours, le
journaliste Olivier Ravanello ose la comparaison avec le coup d’Etat du 18
Brumaire de Bonaparte, en arguant du fait que les chefs militaires égyptiens
sont très au fait de la Révolution française, et inspirés par l’homme de
Saint-Hélène. Ce serait donc un hommage rendu au locataire du musée des
Invalides plus de 200 ans après la bataille des Pyramides. Méhémet-Ali a offert
au roi Louis-Philippe Ier l’Obélisque qui orne la Place de la guillotine, ca
devrait suffire non ? Toujours cette manie très française de voir dans la
« Révolution française » la pierre d’achoppement de toute l’histoire
de l’humanité, cet ethnocentrisme indécrottable. L’Egypte, l’une des plus
vielles civilisations du monde ne vit pas au rythme de l’intellect des salons
parisianistes, sachez-le.
Les Frères Musulmans paient ainsi le
prix de leur manque de vigueur, d’esprit d’indépendance. Leur marge de manœuvre
était certes extrêmement réduite. Mais qu’un président oint par le sacre
démocratique, présent par la volonté du peuple et sorti par la puissance des
baïonnettes ; tiens ca me rappelle quelque chose ; ne semble
absolument pas déranger les médias occidentaux. Dans ce cas-là il faut vouer
aux gémonies le général de Gaulle arrivé en 1958 par voie illégale, mettant ainsi fin au
régime civil de la IVème République. Pis encore, il faut en outre réhabiliter
le général Pinochet qui a renversé dans le sang le régime du président Salvador Allende
au Chili un certain 11 septembre 1973.
En tout cas, tout ceci n’augure rien de
bon, pour l’avenir de l’Egypte, pays arabe le plus peuplé qui doit être
neutralisé à tout prix pour faire les affaires d’un certain voisin et de
l’Oncle Sam.
Anis Al Fayda
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